Huilloc et son école
HUILLOC ET SON ECOLE.
Quelques temps passés à Cusco nous ont permis de voir à quel point la tradition (alimentation, habits, marché, fêtes, danses...)s'étaignait peu à peu pour devenir davantage un folklore pour nourrir l'appétit des touristes.
Nous avons donc pris la décision de partir 2 jours à la rencontre d'une communauté qui tente tant bien que mal de préserver ses coutumes et ses traditions. Cette communauté est celle de Huilloc (ou Willoq). Elle se situe au fond d'une vallée proche de la vallée sacrée des incas, point de départ du trop convoité Machu Picchu.
Les habitants de Huilloc ont conservé l'habit traditionnel : le poncho rouge symbolisant le sang, la vie. Les femmes du village ont comme occupation principale le tissage. Elles se réunissent tous les jours dans le ''marché artisanal'', se mettent en rond et confectionnent toutes sortes de choses allant du poncho au sac en passant par les ceintures et les étoffes servant soit de jupes soit de draps pour porter son enfant dans le dos. Les hommes travaillaient la terre en majorité jusqu'à ce que grand nombre d'entre eux partent sur le chemin de l'inca en tant que porteur exploité par une agence de tourisme. Ce métier pénible consiste à porter toutes les affaires des touristes partis en randonné de même que les bouteilles de gaz pour faire la cuisine. Bien que courbés toutes la journée, cette activité rapporte à ces hommes un minimum d'argent leurs permettant d'entretenir leurs familles et de faire face aux nouveaux besoins matériels qui n'existaient pas auparavant comme l'achat du matériel scolaire par exemple. 
En parlant de ça, nous avions justement dans l'idée de rencontrer les enfants de Huilloc et quoi de mieux que l'école pour y parvenir. Ainsi, nous aurons aussi l'occasion de savoir comment fonctionne une petite école de campagne. Chose dite chose faite nous nous rendons dès le lendemain matin à l'entrée de l'école pour rencontrer les professeurs arrivant des villes plus bas comme Cusco, Urubamba, Ollantaytambo. Ils font le trajet tous les jours (sauf le dimanche) pour enseigner aux enfants de Huilloc (soit plus de 4h aller retour pour certains. Ravis, ils voient en notre visite une opportunité d'ouvrir les enfants à d'autres mondes (rôle principal d'un instituteur dans ce type d'école).
La journée commence par la formation en rang et par classe pour le lever de drapeau suivit de l'hymne péruvien. Après cet instant de patriotisme, un élève de chaques classes récite un conte, une poésie ou même chante devant l'assemblée. Un prof nous dira plus tard qu'il s'agit d'un entrainement pour vaincre la timidité de s'exprimer en public. En effet le fonctionnement d'une communauté implique des réunions de groupes où chaques idées et chaques litiges sont discutés ensemble et résolues. Il faut donc les habituer jeunes à cette coutume là. Avant que ne débute les cours proprement dit les élèves n'échappent pas à la traditionnelle séance de brossage de dent avec la rivière un peu plus bas comme lavabo pour se rincer la bouche. Séance éducative nous soulignera un prof car ici l'hygiène s'apprend plus à l'ecole qu'en famille.
Ça y est il est 9h, la classe peut enfin commencer. Nous commençons par nous présenter puis nous nous asseyons sur les deux seules chaises de libre. Au menu du jour, les mathématiques avec comme outils principal le boulier (anciennement utilisé chez nous). Plusieurs fils sont tendus entre 2 extrémités. Chaque fil contient plusieurs graines et chaque étage représente les unités, les dizaines, les centaines... Cet outil a pour avantage d'aider les enfants qui ont besoin de faire de leur main pour apprendre autant que ceux qui ont besoin de visualiser pour comprendre, la voix de l'instituteur étant là pour les enfants qui mémorisent mieux en écoutant. Après s'être fait collectivement, le travail se fait par groupes de 2 afin que chacun puisse se mettre dans la peau du prof ou alors apprendre de son voisin. Après une grosse heure c'est déjà la récréation. Football, loup-garou, discutions celà ressemble assez à chez nous excepté un jeu qui consiste à jeter au sol une toupille à l'aide d'un fil pour la récupérer ensuite dans ses mains sans qu'elle ne s'arrête. 
Après la récréation, nous organisons une sorte de jeu pour nous permettre de mieux connaitre les enfants. A chaque question que nous poserons nous formerons des petits groupes selon les réponses données.
La première question : Aimez-vous aller à l'école ?
A l'unanimité et à notre grande surprise tous les enfants se regroupent du côté du oui.. On peut se l'expliquer car la majorité de leur ''temps libre'' est employé à aider leurs parents au travail plutôt qu'à jouer. De plus leurs journées sont moins surchargées qu'en France. L'école commence à 8h30 pour finir vers les 13h.
Qu'est-ce que vous préférez apprendre ?
Pour la majorité des élèves il s'agit d'activités comme le dessin et le chant (un village d'artistes). Il n'y a étonnement personne pour la récréation (hormis les deux français de service). Ils sont tout de même 3 à préferer les mathématiques, et 2 à préférer apprendre la langue (espagnol).
Vous préférez l'espagnol (mieux de dire castellano) ou le quechua ?
Là les avis sont partagés. Au départ tous se sont dirigés du côté espagnol alors que le quechua est leur langue maternelle.. Cependant nous comprennons assz vite qu'ils aiment les deux mais qu'ils préfèrent apprendre l'espagnol qui leur sera indispensable dans leur vie future car elle est la langue principale en dehors de chez eux.
Qu'est ce que tu voudras faire quand tu seras plus grand ?
Au début cette question leur a parue étrange comme si leur avenir était déjà tout tracé dans la relève du métier de leurs parents. Certains nous font quand même part de leur désir d'être policier, soldat et même guerillero. D'autres se verraient plus avec un travail manuel : paysan, menuisier, tisserand (en général ce fût la réponse des filles car dans leur communauté ce sont les femmes qui tissent, celà n'est pas forcement vrai dans d'autres communautés). On nous a même dit ''professionnel'' sans préciser : En fait il s'agit de métier où il faut faire plusieurs années d'étude comme professeur, médecin, avocat.... 
Quelle est votre couleur préférée ?
Sans grande surprise et sans hésiter, ce fût le rouge qui l'emporta.
Quel animal préférez-vous ?
D'abord les animaux locaux comme le lama ou le condor mais aussi la vache, le chien et ..... l'éléphant (on n'en a pas encore vu ).
Qu'est ce que vous préférez manger ?
Caramelo!! = bonbon, ceux que les gringos=touristes blancs ont l'habitude de leur donner. Mis à part ça se sont les plats à base de viande qui remportent un certain succès. Exemple : le pachamanca, mouton cuit dans des pierres chaudes.
Enfin nous terminons ce ''questionnaire'' par :
Si tu étais président du monde, qu'est-ce que tu ferais ?
La première réponse fût '' la guerre aux espagnols '' ouf ..!! En effet, dans le passé ce fûrent les espagnols qui envahissèrent cette région peuplée par les incas. Ils asservisèrent la population en détruisant tout et en imposant une nouvelle langue et une nouvelle religion. Pour les aider, le professeur met en scène un élève (il monte sur une chaise) qui joue le rôle du président du monde (ou déjà le président du Perou). Le professeur quant à lui joue le rôle d'un maire expliquant au président ce qui manque dans sa ville. Le Président du monde prend alors la parole et décide de créer des routes, des collèges, des hopitaux. Il met aussi une loi en place permettant à chaque famille d'avoir une vache..Il offre aussi son soutien aux petites communautés et aux pauvres mais pas aux riches qui ont tout l'argent...
Une fois le ''jeu terminé'' nous leur montrons où se situe la France car l'un d'entre eux nous a demandé combien de temps faut il pour y aller en voiture... Suite à celà une petite séance d'apprentissage de français (pour qu'ils puissent se débrouiller à leur arrivée en France) et la journée se termine. Cette expérience est inoubliable et n'aurait pas pu se faire sans l'aide et la bonne volonté des professeurs ainsi que des enfants. Un grand merci à tous et
¡Qué vive la communidad de Willoq!
Quelques précisions.. L'école accueille environ 190 élèves venant des divers versants montagneux.. Cette école est publique, l'Etat finance tout à l'exception du matériel. Il impose un programme (nationnal) cependant la liberté des professeurs est importante et leur permet d'adapter ce programme aux enfants (en effet les besoins d'un enfant de Lima ne sont pas les mêmes que ceux de Huilloc ou de la Selva). Toutes les écoles ici dispensent des cours de catéchèses qui ne sont pas obligatoires mais la religion catholique est pratiquée par plus de 95% de la population. Par exemple avant de commencer les cours une prière est récitée par l'ensemble de la classe.